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9 novembre 2012 5 09 /11 /novembre /2012 08:13

Ah, splendeur de la chemise ouverte sur le torse velu d’un visage sévère aux regards d’acier… J’adore les traders. Le trader respecte l’homme. Avec charité. Le trader est un bon chrétien qui respecte l’homme avec charité. Le trader est le bienfaiteur de l’homme. Ce sont ses actions qui respectent l’homme car elles sont négociables. Tenez, par exemple, l’actionnaire. (Bien-sûr. Sans le toucher. Parce que parfois il mord.) Tenez l’actionnaire. Un actionnaire. Quelquefois, l’actionnaire aboie sur l’homme. Bien. Seulement c’est l’expression la plus certaine de l’amitié du chien pour l’homme. L’actionnaire aboie sur l’homme car ses actions sur le marché ne valent plus grand-chose. Le trader, par contre, est un adorable fauve. Malheureusement, on a  du mal à l’apprivoiser. Trop souvent, le trader fuit devant l’homme. C’est dans sa savane en haut d’une tour que le félin se réfugie devant son ordi. Quand vient la saison des crises, l’homme part à sa recherche et le trader s’enferme dans son bureau à double tour. Le fauve a les actions, la prime. Il aura la banque. Son vol pour la Suisse est réservé, il veut rejoindre son capital au paradis. Son visage est blême. Ses yeux, profondément cernés. Son index nerveux sur la souris. Comme un chat mouillé, il ne craint pas l’averse. De toute façon, la porte est blindée. Les hommes ne sont pas prêts d’entrer avec leurs dettes. Il refuse de voir tous ces morts-vivants rassemblés devant la porte de leur banque dans l’espoir infime d’un impossible prêt amassé en bourse pour l’intérêt dérisoire des banquiers actionnaires devenus millionnaires pour survivre à la crise. Etrangement, le comportement de l’homme est moins amical. Indûment, il demande son argent. Son compte, avec ses hauts débits et ses bas crédits. L’homme endetté a vu la Rolex en costume. Elle se cache derrière l’écran de son Mac. C’est une Rolex un peu  sauvage. Craintive. Qui a la griffe dehors. Naturellement, près des doigts quémandeurs, elle refuse la poignée de main. Elle a peur du crédit car l’homme est prêt. Pas près. Mais proche. D’ailleurs, il s’approche inexorablement de la Rolex afin d’avoir un peu plus de temps qui éviterait sa mise en demeure. Aussitôt, le banquier sur ses gardes comprend ses intentions et d’un geste avenant arrête l’importun en prononçant ces mots agréables: « Ici, on ne fait pas crédit ! »

 

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