Bon, autrui c’est bien, c’est même très bien mais comme chante l’autre : « On dort, les uns contre les autres. On vit, les uns contre les autres… Mais au bout du compte on se rend compte qu’on est toujours tout seul au monde. » Autrui c’est pas le paradis. C’est pas moi qui l’affirme. C’est Sartre. Dans une de ses pièces de théâtre, on peut entendre : l’Enfer, c’est les autres. Un beau concept. Très engageant pour vivre en société. Ça rappelle Hobbes. L’homme est un loup pour l’homme qu’il écrivait. Comme un état de guerre de tous contre tous, le philosophe a décrit dans un livre l’aventure politique moderne à partir de l’état primitif de l’homme. A ce propos, Aristote a dit : « L’homme est naturellement un animal politique. » En fait, l’Assemblée nationale je pense que ça aurait intéressé Hobbes. Lui qui était passionné par l’anthropologie. Ah, l’aboiement du ministre hurlant « taisez-vous » aux sifflements des opposants qui s’opposent par principe ! Ah, l’admirable réunion de députés assis dans laquelle on occupe son temps à discuter avec son voisin, à regarder son portable, à envoyer des SMS, des tweets, à se curer le nez, à faire des doigts d’honneur, à bâiller ou à faire la sieste ! C’est pour ces instants d’attention qu’on fait confiance à autrui. Autrui est prévenant, il n’y a pas de doute. Regardez les intégristes religieux. Ce sont les seuls hommes qui croient venger leur prophète en tuant des êtres humains. Rien de tel pour croire en l’humanité.
